Le discours des opposants à Netanyahou nous a intoxiqués.
C’était l’homme à abattre, unanimement désigné comme celui qui empêche l’avènement du meilleur des mondes proche-oriental par son entêtement à défendre bec et ongles le seul Etat juif de la planète.
Benyamin, dit Bibi, Netanyahou a déjoué tous les pronostics estimant que son peuple, effrayé par son comportement de voyou diplomatique narguant les grandes puissances, allait lui préférer quelqu’un de plus convenable aux yeux des donneurs éternels de leçons de maintien au « peuple à la nuque raide ».
Rarement dirigeant d’un Etat démocratique ne fut plus vilipendé que lui : en Europe, la gauche exècre ce tenant du libéralisme extrême qui ne se soucie guère de la redistribution équitable des richesses produites et la droite ne lui pardonne pas de perturber ses petits arrangements avec les potentats arabes.
On s’apprêtait donc, mardi soir, à célébrer bruyamment l’éviction d’un homme indigne de siéger à la table des gens bien, et dont la vraie place serait sur le banc d’infamie de la Cour pénale internationale. Pour forcer le destin, on avait fait sonner le ban et l’arrière-ban des faiseurs d’opinion planétaires pour persuader l’électeur israélien de se défaire d’un Premier ministre insupportable. Barack Obama avait dépêché son escouade de « spin doctors » et leurs cartes de crédit pour aider les adversaires de Netanyahou à mettre en œuvre les méthodes modernes (et dispendieuses) de propagande électorale. Le club des « Bibi-killers » rassemblait la crème de la crème des élites politiques et médiatiques occidentales, avec pour chef de file la nouvelle responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, qui avait trouvé dans le « Bibi-bashing » un bon moyen d’exister et de se mettre en valeur.
Normalement, tout cela aurait dû inciter les électeurs israéliens à se montrer raisonnables, en choisissant l’alternance en la personne des bons élèves de la classe politique locale, ceux jugés fréquentables par la Maison Blanche, l’Elysée et autres lieux de pouvoir du monde démocratique.
Cette conjuration des gens bien, censée faire le bonheur du peuple d’Israël malgré lui, s’est muée en une conjuration des imbéciles, intoxiquée par le discours des opposants à Netanyahou, croyant que les Israéliens allaient baisser leur garde sécuritaire à l’heure où Daech est à leur porte. Les errances de la politique moyen-orientale d’Obama, son jeu trouble avec l’Iran n’ont rien pour rassurer les habitants de Haïfa, Sderot ou Beersheva… Or, les voix de ces gens-là comptent tout autant que celles des intellectuels des beaux quartiers de Tel Aviv…
Ils sont pauvres, peut-être, mais ils sont soucieux de préserver leur vie modeste face à ceux qui rêvent de leur mort violente.
La question sociale et la solution au malheur palestinien sont reporté à une date ultérieure. Qui pourrait leur en faire grief ?